L’idée reçue n°1 des DSI sur le NoCode : « Le marché des solutions Low Code/NoCode est pléthorique… »est fausse, le marché est moins touffu qu’on ne le pense. En réalité, pour ce qui du NoCode, la mutation est déjà en cours dans les entreprises françaises, poussée par les métiers et la jeune génération. Interview de Francis Lelong, CEO d’Alegria.group.
DAMAaaS : Foisonnant, confus… ces qualificatifs sont-ils adaptés au marché des solutions NoCode/low code ?
Francis Lelong : Les entreprises sont effectivement perdues, parce que l’offre est large et complexe. Les cabinets de conseil internationaux alimentent la confusion en ne différenciant pas les outils low code des outils NoCode. C’est pourtant la première grille de lecture à avoir.
Le low code est historiquement plus ancien et a été conçu pour améliorer la productivité des développeurs. Le NoCode a lui été pensé pour être accessible au plus grand nombre, sans compétence informatique. L’écosystème NoCode est plus riche — en nombre d’éditeurs— que celui du low code et s’adresse à un nombre de cibles bien plus important. Il n’y a pas de compétition entre les deux environnements, comme on l’entend souvent dire. Leur finalité est simplement complètement différente.
« La France a toutes les cartes en main pour faire naître demain un champion du NoCode »
Francis Lelong, Alegria.group
DAMAaaS : En France, ces solutions se développent timidement, notamment si on compare leur pénétration avec les pays anglo-saxons. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
F.L. : On constate effectivement un retard des entreprises françaises à passer au NoCode. Il existe cependant sur le territoire de très bons éditeurs NoCode, tiré par un écosystème de startups dynamiques, suivies par les investisseurs d’ailleurs. La France a, selon moi, toutes les cartes en mains pour faire naître demain une “licorne ” du NoCode, capable de digitaliser massivement le tissu des entreprises.
Pour l’heure, le déploiement est timide. On peut l’expliquer par une certaine vision du code et du développement en France sur lequel il est important de garder le contrôle. Devant l’ampleur et la récurrence des cyberattaques, les DSI sont mobilisés par les enjeux de sécurité et de gouvernance de la donnée, alors qu’ils sont plutôt historiquement proches de la culture de l’innovation. Il y a aussi en France une faible culture du « change » (ang.) : un nouvel outil suppose de la formation, de la conduite du changement…
« 90 % des besoins des entreprises peuvent être couverts par des outils NoCode »
Francis Lelong, Alegria.group
DAMAaaS : Qu’est-ce qui selon vous est susceptible de changer la donne et d’enclencher un recours plus massif aux outils NoCode en France ?
F.L. : Le NoCode manque de notoriété et d’acculturation auprès des DSI, des efforts doivent être faits en ce sens. D’autant que, si l’IT en général cristallise son attention sur les enjeux de sécurité, les métiers ont toujours des attentes non pourvues, dans les ETI comme dans les PME ou dans les grands groupes. Et les métiers ont horreur du vide !
Ils sont à l’origine d’un autre mouvement, celui du “do it yourself” qui, appliqué à l’IT, représente un changement de culture. C’est aussi en lien avec la génération des “makers”, ces jeunes qui ont une culture élargie et cherchent à s’impliquer à leur échelle dans la conduite du projet au service de la satisfaction de leurs clients.
Les outils NoCode, boostés par le cloud et la généralisation des API, entrent en résonance parfaite avec cette génération et leur ouvrent les portes dont elle a besoin pour s’épanouir. Le prérequis étant qu’ils soient accessibles, faciles à utiliser et facilement interfaçables avec toutes les plateformes qu’ils utilisent.
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DAMAaaS : Existe-t-il, comme on l’entend souvent dire, de réels freins à l’usage des outils NoCode, qui n’existeraient pas avec les outils en code ?
F.L. : À mon sens non. Dans les entreprises, 90 % des besoins peuvent être couverts par des outils NoCode. Sauf si par exemple, elles doivent passer des ordres de bourse, ce qui suppose des délais de latence très courts, donc une grande rapidité d’exécution des ordres et comportent des enjeux de sécurité très critiques. Ces types de processus ont intérêt à rester aux mains des développeurs, sachant tout de même que ces compétences sont en forte tension…
En revanche, si les métiers manipulent des flux moindres et dont la mise à jour doit être faite de manière plus régulière (voire en temps réel), le NoCode sera bien plus adapté ! Je le répète : dans un environnement business standard, la grande majorité des besoins peuvent être couverts par du NoCode. C’est la question de l’usage et le contexte spécifique du cas d’usage qui doit décider ou non du passage NoCode.
Pour les entreprises, le NoCode est une occasion formidable pour accélérer et être plus performantes. Les années à venir vont le prouver.
En chiffre
De 4 milliards de dollars en 2017, le marché mondial du low code/NoCode devrait atteindre 45,5 milliards de dollars dans le monde en 2025. L’équivalent d’une croissance annuelle de 130 % !
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